L’histoire du lavoir de Kanfen commence en 1806, sous le 1er Empire, après la destruction pendant la tourmente révolutionnaire d’un petit abreuvoir qui faisait aussi fonction de lavoir [...].
Des problèmes techniques retardent la construction du lavoir et il faut attendre 1840 pour que notre commune possède enfin son lavoir. Malheureusement, faute de pouvoir les alimenter en haut, les bacs pour le linge restent vides.
Les Kanfenoises sont toujours obligées d’aller laver leur linge dans un trou d’eau situé à plus d’un kilomètre du village, cette situation est d’autant plus pénible qu’à quelques dizaines de mètres du lavoir, sous la roue du moulin à grains local (rue du Moulin aujourd’hui), émerge une source vivifiante qui conviendrait parfaitement à l’alimentation des bassins.S’engagent alors, à partir du 1er février 1863, sous le Second Empire, entre la municipalité et le meunier, pourparlers, palabres, propositions et procédures. Pour accepter le détournement de sa source, le meunier réclame une indemnité de 800 F, alors que le conseil municipal estime qu’une somme de 100 F devrait être suffisante pour satisfaire le meunier. En septembre 1864, les procès verbaux des experts s’accumulent alors que le meunier ne veut plus céder sa source sans le moulin. Un an plus tard, considérant que toutes les recherches possibles pour découvrir une source ont été effectuées sans résultat, la municipalité engage, envers le meunier, une procédure d’expropriation pour utilité publique. Aucun arrangement à l’amiable ne semble plus possible alors. Le meunier, irrité, menace même d’agrandir le diamètre de la roue de son moulin limitant ainsi le profit espéré de ladite source.
En 1865, l’élection d’un nouveau maire débloque la situation. Le meunier propose de mettre un terme à cette affaire. Le Conseil propose, avec succès, une indemnité de 600 francs pour le détournement de la source au profit du lavoir communal. Après quelques travaux, l’eau arrive enfin au lavoir, mais en si grande quantité qu’il faut augmenter le volume de retenue d’eau des bassins et procéder à quelques aménagements supplémentaires. Vingt-cinq ans s’étaient écoulés depuis la construction du lavoir jusqu’à son utilisation par les premières lavandières.
Au début du XXe siècle, le lavoir résonne toujours des “potins” des Kanfenoises et du bruit du linge qu’on essore. Les auges métalliques qui recueillent l’eau se sont détériorées et, en 1935, elles sont remplacées par des bassins en béton armé [...].En 1939, une réfection du lavoir s’impose, le Conseil en profite pour faire des transformations et rehausser le bâtiment pour permettre la construction d’un abri pour la pompe et le matériel des sapeurs pompiers.
La Seconde Guerre mondiale épargne le bâtiment dont une pièce annexe au lavoir a été utilisée comme dépôt de lait, entrepôt pour les céréales, salle d’autopsie et morgue.
Pendant les années cinquante, les eaux du lavoir sont de moins en moins troublées par la mousse des savons, l’apparition des premières machines à laver lui porte un coup fatal.Le 26 mai 1962, les élus décident de consacrer 3 500 francs à l’aménagement de deux garages à la place des bassins qui sont démolis. Le projet n’a finalement pas de suite. Le local restant vacant, c’est une C.U.M.A. (Coopératives d'Utilisation du Matériel Agricole) qui obtient l’autorisation d’y installer un congélateur collectif. Pendant plus de vingt ans, le congélateur de la coopérative va occuper l’ancien lavoir avant de rendre l’âme. La C.U.M.A. libère alors le local le 31 décembre 1985.
C’est à partir de cette date que la commission des bâtiments communaux a étudié la transformation et l’aménagement de l’ancien lavoir en une salle communale. J.M. - R.D.B. Source : Informations Municipales n°9 (1986)
Cliquez ici pour télécharger le texte original
|
|

Bouche à eau, en forme de tête de lion, unique témoin de l’ancien lavoir municipal.

Salle municipale de Kanfen où
se situait le lavoir. Source : Informations Municipales n°9(1986)
|